Léo le fixa, cherchant visiblement une réponse adaptée.
- J’évite de me mettre dans des situations délicates.
C'était relativement évasif, comme réponse, mais cela prouvait au moins que la jeune fille était prudente. C'était déjà. Il attendit une réponse plus précise, mais elle ne vint pas.
Quand il aborda le sujet sur le quidditch, Léopoldine changea de visage. Elle lui sourit franchement, et répondit avec enthousiasme. Alex sourit à son tour. Les gens aimant le quidditch avaient tout de suite une étiquette positive. Elle hocha la tête, affirmant ainsi que les Conti jouaient effectivement contre les Mercoeur ce jour là. A sa question sur les Armagnacs, elle s'enflamma, agacée, comme lui, par leur attitude :
- Ne m’en parle pas, j’ai cru que les Mercoeurs allaient peter un plomb l’autre jour ! Je n’avais jamais vu un Mercoeur énervé, c’est surprenant.
Alex sourit face au cliché utilisé. En général, il était réaliste, les Mercoeur n'étant pas réputé pour affirmer leur caractère, mais tout de même... Mais déjà, Léo continuait :
- Pour notre part, on a du s’entrainer dans le parc, faute de mieux. Mais on ne devrait pas avoir de mal à battre les Mercoeurs. Leurs poursuiveurs ne sont pas brillants. Il faudra juste que les nôtres marquent suffisement avant que leur attrapeur ne prenne le Vif d’Or. Leur attrapeur est bon. C’est le seul à craindre.
Elle semblait réellement assurée de la future victoire de son équipe. Alex hocha la tête, mais il n'était pas entièrement convaincu. Les Mercoeur, bien que pas très bons en classe, restaient d'un niveau très honorable sur le terrain. S'ils n'avaient pas celui des Armagnacs ou des Montmorency, ils jouaient quand même très bien. D'ailleurs, l'année passée, ils avaient été classés troisièmes au tournoi des écussons. Mais il était vrai que depuis le départ de leurs meilleurs joueurs, qui avaient fini leur scolarité, l'équipe avait du mal à se remettre sur les rails. Il approuva donc :
- Oui. Depuis le départ de Michael et Arthur, l'équipe des Mercoeur bat de l'aile. D'ailleurs, commenta t'il en souriant, tous les paris sont pour les Conti.
Léo sourit, et demanda :
- Quand est-ce que vous jouez?
Alex se passa la main dans les cheveux. Leur prochain match allait être difficile.
- Dans trois semaines. Contre les violets.
Il fit une petite grimace. Les Montmorency tenaient, chaque année, à remporter le tournoi des écussons, et comme ils perdraient certainement leur match face aux Armagnacs, ils seraient probablement furieux, et ne leur feraient pas de cadeaux.
- D'autant que nous non plus, on a pas accès au terrain.
Ca, c'était le pire. Les Courtenay pouvaient toujours voler dans le parc (d'ailleurs, ils ne se gênaient pas), mais leur principal défaut était les tirs hasardeux, qui, trop souvent, leur faisaient perdre le souaffle. Et sans anneaux, impossible de s'entraîner là dessus. D'autant qu'en tant que capitaine, Alex allait surement se faire sévèrement juger par le reste de son armoirie, en cas de (probable) défaite.
Toujours restant sur le quidditch, qui était, visiblement, un sujet qui les intéressait tous les deux, il enchaîna :
- Tu vas souvent voir des matchs ? Personnellement, le dernier que j'ai vu, c'est la finale de la coupe du Monde, les Balais de Braga contre les Météorites de Moose Jaw.
Puis, comme Léo, si elle n'y était pas, avait surement entendu parler des grandes actions de cette finale, il continua, sur un terrain connu :
- Tu es gardienne à Conti, c'est ça ? Tu as vu le double huit de Fanher à la finale ?
Comme il s'agissait d'une figure typiquement réservée aux gardiens, elle se sentirait sûrement plus concernée que par d'autres. Un détail lui revint alors à la mémoire. L'année passée, le gardien des Conti avait effectué un double huit plutôt spectaculaire, lors d'un match contre les Armagnacs, qu'ils avaient failli gagner. Et, il lui semblait bien qu'il s'agissait de Léo ! Elle avait du suivre le cheminement de sa pensée, car elle sourit quand il fit :
- D'ailleurs, c'était toi l'année dernière... Au match du mois de mai contre les Armagnacs...
Elle allait comprendre tout de suite, rien qu'avec ces références. Le match avait été tellement grandiose qu'on en parlait encore.